Macron pour 5 ans de plus : que resterait-il de la France ?

Alors que la veille, le mercredi 2 mars, le locataire de l’Elysée prononçait une allocution que la plupart de ses auditeurs ont jugé sans intérêt sans qu’il profite de cette déclaration pour faire part de sa candidature à l’élection présidentielle, l’annonce de cette candidature fuitait 24 heures après, avec des médias qui indiquaient que, le lendemain, dans la presse quotidienne régionale (la plus lue par les Français), il ferait connaître son intention d’être candidat et réélu, si… C’est donc fait. La lettre est courte. Ses défenseurs diront que les Français n’auraient pas apprécié à lire un texte long. Du coup, ils ont l’inverse : une lettre courte, qui en dit peu, sauf en cumulant les bonnes intentions – dont l’enfer français est pavé. Pour faire le lien entre les Français et lui, il use du « nous » qui rassemble, de fait : « nous avons traversé… ». Ce qui induit que les mêmes phénomènes qui se sont imposés aux Français, il les a, lui aussi, connus, vécus, alors que nous savons que l’Elysée est une bulle, de spéculations… Et « nous » y « avons fait face avec dignité et fraternité », et ce alors que nombre de Français considèrent, au contraire, qu’il s’est attaqué au sens et aux conditions de la fraternité, comme par exemple à l’égard des migrants non européens. L’auto-évaluation des « réformes » n’est pas sérieuse, crédible, et elle peut même être considérée comme étant provocatrice : l’industrie aurait augmenté son nombre d’emplois (alors que des centaines d’entreprises ont fermé, parfois avec des effectifs importants), le chômage REEL est en augmentation (les chiffres du chômage officiel sont obtenues par des procédures artificielles et trompeuses), les hôpitaux n’ont pas connu d’investissements majeurs en moyens matériels et en personnel (lesquels ont vu des postes être supprimés, ou être attaqués, pour une vaccination obligatoire que certains ont refusé), diverses fonctions publiques ont connu des suppressions d’emplois, dont l’Education Nationale au premier chef, rien de sérieux n’a été entrepris pour diminuer les besoins énergétiques, la « modernisation » de l’agriculture signifie l’industrialisation continue de l’agriculture là où il aurait fallu aller vers l’humanisation de l’agriculture. Les déficits n’ont pas été réduits, puisque l’endettement a été constamment augmenté, et ce y compris pour servir demain d’arme contre la population. Les baisses d’impôts n’ont concerné que les plus fortunés par des suppressions (ISF) pendant que la TVA est devenue toujours plus la vache à lait des finances publiques, en taxant plus lourdement les plus pauvres. Quant à l’Europe-puissance, le discours pose son existence comme une évidence là où l’on peut considérer qu’il s’agirait d’un problème, avec une renaissance d’un impérialisme européen, seulement diminué depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le passage qui suit entend faire croire à une capacité d’autocritique, à une forme de modestie, alors que tous les comportements et les propos de ce locataire d’Elysée sont allés dans le sens d’une arrogance rarement connue dans l’Histoire de France, sauf avec des Louis XIV, Bonaparte. Puis vient la litanie sur les changements : « menaces sur nos démocratie », COMME SI les cinq dernières années en France n’avaient pas vu le gouvernement et la majorité LREM attaquer cette démocratie; le sempiternel « changement climatique », sans commentaire. Comment y répondre ? La réponse est négative : en n’étant pas nostalgique. Autrement dit : comment y répondre ? Pas de réponse. Pour « l’indépendance » (une valeur reconnue mais tellement trahie), il faut une « force économique », et celle-ci passe par des mesures réactionnaires, de droite, classiques (travailler plus et baisser les impôts sur les capitaux). Pour le reste, une phrase de type technocratique empile les secteurs où il faudrait continuer d’innover, comme si ce quinquennat avait donné lieu à de grands investissements et de pertinents investissements. Le « modèle social » que cette énième politique de droite, aggravée, a attaqué, serait « à défendre ». Au point que le futur président réélu entendrait attaquer les inégalités…, à la racine, alors qu’il a contribué explicitement à les développer. Même chose pour les enseignants : alors que, comme d’autres fonctionnaires, ceux-ci ont subi le gel de leur point d’indice (aucune augmentation), voilà que par la magie d’une réélection, il ferait demain ce qu’il a refusé de faire hier. Pour ne pas paraître encore trop distant avec les Français tels qu’ils sont, la fin du texte entend marquer le coup sur « l’humanisation », des « maisons de retraite » (qui devraient être « plus humaines », alors qu’il s’agirait qu’elles soient tout simplement « humaines », c’est-à-dire respectueuses de la dignité des personnes), avec une attention portée vers les personnes handicapées (il faut bien le dire, puisque cela ne mange pas de pain…). La fin du texte entend faire plaisir aux nationalistes, pour lesquels être Français relève d’une « identité ». Cette fin les flatte, et flatte l’amour-propre, souvent exagéré, des Français (les « meilleurs », les « plus beaux »). Et au-delà, il s’agit de flatter les Français dans leurs qualités spécifiques, alors même que, comme nous en avons parlé dans un article aujourd’hui, le pays subit une américanisation accélérée, approfondie, peut-être irrémédiable.

Mes chers compatriotes,

Depuis cinq ans, nous avons traversé ensemble nombre d’épreuves. Terrorisme, pandémie, retour de la violence, guerre en Europe : rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité.

Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche, renforcer nos armées, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, continuer à moderniser notre agriculture. Grâce à nos efforts, nous avons, avant la pandémie, réduit nos déficits et, tout au long du quinquennat, baissé les impôts de manière inédite. Tout cela nous a permis d’être crédibles et de convaincre nos principaux voisins de commencer à bâtir une Europe-puissance, capable de se défendre et de peser sur le cours de l’Histoire.

Nous n’avons pas tout réussi. Il est des choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment. Mais les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi.

Nous connaissons des bouleversements d’une rapidité inouïe : menace sur nos démocraties, montée des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques. Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie. C’est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l’audace, de la volonté et de notre goût de l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance.

Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes.

Il n’y a pas d’indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d’autres les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d’investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique, celle qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.

C’est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves.

Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu’en nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés.

Nous investirons pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile tant qu’il le peut, pour rendre les maisons de retraite plus humaines. Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour l’inclusion de nos compatriotes en situation de handicap. En matière de santé, nous opérerons la révolution de la prévention et ferons reculer les déserts médicaux.

La force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l’humain tout au long de la vie, qui donne confiance aux familles et a fait de la France l’un des pays d’Europe à la plus forte natalité.

Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que lorsque l’on est Français, on se doit de connaître, d’aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité et notre justice. Nous encouragerons l’engagement avec une ambition simple : former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains.

Tout au long de mon mandat, j’ai vu partout un esprit de résistance à toute épreuve, une volonté d’engagement remarquable, une inlassable envie de bâtir. Je l’ai retrouvée dans notre pays mais aussi en allant à la rencontre de nos compatriotes vivant à l’étranger. En chaque lieu, j’ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France.

C’est pourquoi le moment électoral qui s’ouvre est si important. Cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà. Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte. Mais avec clarté et engagement j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d’entre vous.

Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne.

Avec vous. Pour vous. Pour nous tous.

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