Election présidentielle française 2022 : une première analyse factuelle de l’ensemble des résultats

Election présidentielle française 2022 : une première analyse factuelle de l’ensemble des résultats

Les dépouillements des bulletins de vote ont comptabilisé 35 millions et 143 118 choix. Le président-candidat est en tête, avec 27,84% de ces votes. Avant ce premier tour, certains s’étonnaient que le président-candidat, rejeté par une majorité de la population, puisse rassembler autant de personnes sur son nom. Pour faire partie des deux personnes en tête d’une telle élection, il est nul besoin d’être majoritaire. Il suffit de faire mieux que le troisième. Pour le soutenir, ce Roi-Président savait qu’il pouvait sur les légitimistes (un courant politique constant en France), les affairistes (sans et avec jugement moral les concernant), et l’électorat le plus âgé. Si le contrat est rempli, il n’a pas fait le plein des voix, possibles et attendues.

La candidate du Rassemblement National a obtenu 23,15 % des voix. Dans les derniers jours de la campagne, elle a su faire venir sur sa candidature des électeurs qui ont été longtemps tentés par l’autre candidat d’extrême-droite, lequel a, de son côté, connu des difficultés et des échecs. Comparé à celui de 2017, son score est, certes, supérieur, mais très faiblement. Il n’indique pas d’enthousiasme à son égard. Or sa campagne n’a pas été très dynamique, et on peut penser qu’il en ira de même entre ces deux tours. Quant à sa participation au « débat » de l’entre deux tours, elle est susceptible, comme en 2017, de susciter contre elle, un rejet, qui bénéficierait à son adversaire. Enfin, la participation à ce second tour pourrait être très faible.

Jean-Luc Mélenchon a obtenu 21,95% des voix. Lui aussi a augmenté légèrement son résultat de 2017, et pâtit d’un écart encore faible mais suffisant avec la candidate du RN. C’est donc à la fois un nouvel échec et une « réussite », dans la mesure où la France Insoumise a acquis ainsi une place centrale dans ce qui s’appelle « la gauche ». Conformément à sa personnalité constante, sa campagne a été à la fois bonne et mauvaise. Il a su faire entendre une voix divergente avec la pensée politique dominante, le néo-libéralisme, mais il n’a pas réussi à inciter une part faible mais décisive des abstentionnistes à voter pour lui. En effet, un électeur sur quatre n’a pas voté, soit par volonté, soit par défaut d’inscription dans les listes électorales. Des personnalités des quartiers populaires ont d’ailleurs signalé que des électeurs ont découvert, dimanche, qu’ils avaient été radiés des listes, sans que cette radiation soit, à leur connaissance, justifiée. Une enquête sur ces radiations devra être menée.

Le candidat, français, juif, du christianisme anti Islam, Eric Zemmour, a obtenu 7,07% des voix. S’il fait mieux que Bruno Mégret, en 2002, quand Jean-Marie Le Pen a accédé au second tour, par son implication personnelle dans les polémiques communautaires et racistes, par le spectre de ses soutiens, sa candidature subit aussi un échec, et, sans un parti présent de manière structuré au niveau national, sa survie politique est engagée, sauf s’il manoeuvre pour échapper à son sort. Sinon, des juteux profits l’attendent, pour son retour à la vie télévisuelle, puisqu’il pourrait confier les clés de son parti anti Islam à des proches et des jeunes.

La plus grande surprise de ce scrutin provient de la chute de la maison LR. Leur candidate, une Margaret Thatcher à la française, n’a pas su affronter les circonstances. Ses prestations lors de meetings ou de débats télévisuels ont détourné son électoral naturel vers les autres candidats de droite (Macron, Le Pen, Zemmour). Elle fait moins de 5% (4,78%), et, d’ores et déjà en difficulté pour payer ses emprunts, elle a fait appel à la charité de ses électeurs.

Alors que les partis et mouvements écologistes avaient le vent en poupe ces dernières années, le choix Jadot s’est révélé catastrophique. Avec 4,63% des voix, il a été conduit, lui aussi, à, immédiatement, solliciter le soutien financier de ses électeurs. Le syncrétisme entre écologie et capitalisme a été perçu pour ce qu’il est : une contradiction dans les termes. Ce candidat, aux allures de cadre bancaire, a suscité un vrai rejet, y compris par ses positions va-t’en-guerre.

Derrière lui, il semblait logique de trouver Anne Hidalgo, ou Fabien Roussel, ou Nicolas Dupont-Aignan, mais c’est l’élu local béarnais, Jean Lassalle, qui a réussi à obtenir 3,12%, même s’il faut se demander, dans les conditions de cette élection, l’intérêt de ces candidatures de témoignage. Pour le parti communiste français, qui continue, après avoir été un parti majeur de la vie politique en France, pendant 40 ans, de ramer, son candidat customisé a obtenu 2,28% des voix. Une vive polémique a commencé dès la fin du scrutin, avec une partie des militants et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, lesquels reprochent au candidat communiste, une candidature de témoignage sans intérêt politique (et coûteuse sur le plan économique).

Avec Pécresse, l’autre effondrement le plus significatif et le plus impressionnant est celui du Parti Socialiste. Sa candidate est proche du néant, avec 1,75%. Aux élections intermédiaires, notamment les élections municipales, mais aussi départementales, régionales, le PS a réussi à maintenir un niveau élevé d’élus. Mais désormais, sur le plan national, il est atomisé, et il va sans doute s’atomiser plus encore avec une scission, ou plusieurs. La dynamique FI nationale pourrait vampiriser encore plus de voix aux élections législatives, et, à son tour, le PS pourrait, avec celles-ci, n’avoir plus aucun élu à l’assemblée nationale, ou un nombre ridicule. Et avec les prochaines élections intermédiaires, son existence même paraît menacée.

Enfin, les candidats Sans Culottes, le candidat du NPA, Philippe Poutou, a rassemblé 0,77% des voix, celle de LO, Nathalie Arthaud, 0,56%. Les militants et électeurs FI qui reprochent à Fabien Roussel sa candidature « tout ça pour ça », pourraient également interroger celle de Philippe Poutou. S’il avait rejoint la candidature de Jean-Luc Mélenchon, ces 0,77% des voix aurait pu contribuer à ce succès, y compris par le fait de mener une campagne d’unité, entre les Montagnards et les Sans Culottes.

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