« Grand remplacement » et changement/substitution de populations : ces Européens qui n’ont rien contre le remplacement des pauvres par d’autres, Européens ou non, qui ne le sont pas

« Grand remplacement » et changement/substitution de populations : ces Européens qui n’ont rien contre le remplacement des pauvres par d’autres, Européens ou non, qui ne le sont pas

L’origine de l’expression de « grand remplacement » se trouve dans l’extrême droite franco-allemande.

« Dès 1946, des groupes d’anciens Waffen-SS affirmaient que désormais toute l’Europe était occupée par les ‘nègres’ (les soldats américains) et les ‘mongols’ (les soldats russes), et qu’il s’agissait de libérer le continent de ‘l’occupation’ par ‘une nouvelle résistance« . Les perdants de la Seconde Guerre Mondiale imputent à ceux qui occupent la place qu’ils rêvaient d’avoir la même volonté qui les animait. En effet, le nazisme entendait remplacer des populations, par exemple, les slaves, par des colons allemands, qui se seraient installés dans tous les pays de l’Est, conquis, pour y gérer de gigantesques fermes dans lesquelles se seraient côtoyées deux bétails, le bétail animal et le bétail humain. Pour les Nazis, être un être humain reposait nécessairement sur le fait d’en avoir fait disparaître et d’en asservir d’autres. Depuis, en France, l’expression a été reprise à nouveau par l’extrême-droite, laquelle impute à des populations immigrées, de vouloir la même chose qu’elle. Du coup, nous assistons à deux déraisons : la première, en l’espèce cette paranoïa qui veut voir dans des populations immigrés, des envahisseurs-conquérants qui viennent, par la natalité et autres moyens, se substituer aux « habitants de souche », et l’autre, celle qui en vient à nier la possibilité même d’un changement de population, négation qui provient souvent d’une peur d’accréditer l’obsession de l’extrême-droite. Mais l’Histoire humaine est un mille-feuilles dans lequel les nouvelles couches humaines ont pu se constituer dans la « disparition », la plupart du temps sans volonté humaine, d’autres groupes humains. Différentes formes des premiers humains ont disparu avec le temps, y compris par l’extension et la domination de « l’homo sapiens sapiens ». Des peuples antiques ont pu disparaître, ou plutôt se sont fondus dans d’autres, en raison des dominations politico-économiques, des échanges de population. La conquête du « Nouveau Monde » par les Européens se sera faite sur un « génocide de fait », par le fait que le débarquement de millions de colons et de leurs parasites et virus a provoqué des hécatombes chez les premiers habitants de ce continent. De ce point de vue, les Européens ont été pour tous les autres peuples dans le monde, en sus des Amériques, en Afrique notamment, mais aussi en Asie, le plus grand danger, le plus grand désastre, d’autant que certains de ces Européens étaient si conscients de ce qui se passait et de ce qu’ils faisaient, qu’ils en ont produit une « théorie », et un éloge. Loin d’avoir été un mal tombé des Cieux par accident, le nazisme a été, au contraire, la synthèse, l’aboutissement, d’une Histoire européenne, criminelle, dont les échos humains sont encore, et heureusement, vifs, parce qu’il ne faut ni oublier ni pardonner. Il faut donc prendre en compte que, en matière de « grand remplacement, les Européens sont des spécialistes, et l’extrême-droite est le visage et la parole de cette spécialisation.

L’extrême-droite qui s’adresse aux « petits blancs », que ce soit de ce côté de l’Atlantique ou de l’autre, affirme qu’elle se soucie d’eux, puisque, menacés qu’ils seraient par un « grand remplacement », de projet et/ou de fait, accompli par des populations, arabes, arabo-musulmanes, noires, elle serait là, elle, pour faire barrage, par son corps et sa volonté. Il faut donc regarder les choses de près pour savoir si ce qu’elle affirme se produit.

Dans les quartiers populaires, ce sont plutôt ces populations qui y sont regroupées et « enfermées », notamment par le chômage, par une ghettoïsation dans ce que d’aucuns ont qualifié de « apartheid français », ce qui induit que l’Etat a entendu se séparer de certaines populations en les rejetant – et en ajoutant une dose de cynisme, par le vote d’une loi de « séparation », qui prétend mettre en cause que, au sein de ces populations, séparées, il y aurait la volonté d’oeuvrer à du « séparatisme » en France… Les « petits blancs » n’en ont pas été expulsés, mais ont préféré partir de ces quartiers parce que les conditions de vie y étaient mauvaises et, avec le temps, dégradées, puisque l’Etat, les régions, les départements, les ont souvent abandonnés. Il n’y a donc pas de « remplacement », mais une coexistence de populations, sur un même territoire ou sur des territoires connexes. Là où l’extrême-droite veut voir disparition, il y a seulement répartition.

Par contre, il y a, sur de nombreux territoires en France, une substitution de fait, par le départ forcé de nombreux Français, dans la mesure où, confrontés aux hausses de prix dans l’immobilier, imposés par la spéculation, par l’insuffisance d’offres d’emplois, ils ne peuvent faire face aux coûts locaux contraints, concurrencés qu’ils sont, soit par des Français (riches ou cadres parisiens ou des grandes villes), soit par des étrangers, qui ont le même profil que ces Français, ou qui sont des retraités aisés. C’est ce qui s passe à Eymet (Dordogne, 24), ce qu’une chaîne de télévision présente avec une musique rock et un ton endiablé.

Mais si ces nouveaux habitants n’étaient pas anglais mais algériens et musulmans ? Le village serait cité comme exemple d’une « invasion ». Quand il s’agit d’Européens, blancs, « chrétiens », c’est que les décideurs appellent les « évolutions économiques ». Mais il faut traduire ce que signifie ces « évolutions » : la population pauvre, précaire, française, ne peut pas rester.

C’est aussi ce qui se passe au Portugal, notamment dans le Sud (Algarve) :

Dans de nombreuses villes, dans les villages côtiers ou intérieurs, des Européens qui ont des capacités financières importantes, achètent des maisons, ouvrent des commerces, prennent possession de nombreux quartiers, parce que la majorité des Portugais, qui subissent un SMIC très bas, des faibles revenus, ne peuvent pas concurrencer ces étrangers.

Il s’agit là d’un « grand remplacement à bas bruit ». Il se fait, apparemment, sans tuer personne (apparemment, parce que, derrière la grande pauvreté, il y a, des suicides, des personnes qui meurent plus rapidement par une mauvaise santé et des soins médicaux insuffisants, un alcoolisme), et l’extrême-droite européenne n’en est nullement gênée puisque les principes économiques qui conditionnent ces « évolutions », elle les soutient. Si le sujet du « grand remplacement » implique de vrais faits, son appropriation par l’extrême droite conduit à sa caricature, par des images apocalyptiques fictives, et ce pour soutenir ces principes économiques qui conditionnent ces faits. On pourrait même accuser l’extrême-droite de dissimuler ainsi, par son appropriation caricaturale, le fait que le « grand remplacement » à l’oeuvre dans les pays européens par le remplacement de populations pauvres par des populations bourgeoises ou riches constitue la réalisation du projet nazi PAR D’AUTRES MOYENS.

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