Samedi 19 mars, l’équipe de France de rugby a franchi la dernière étape qui la tenait éloignée depuis plus d’une décennie à un « grand chelem », à savoir 5 victoires en 5 matchs, contre les équipes d’Italie, d’Irlande, d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Angleterre. Les amateurs et les spécialistes de ce sport qui associe de manière originale fixité et mouvement, ont rendu hommage à une génération dorée, déjà championne du monde chez les moins de 20 ans, représentée par des joueurs brillants, comme Romain Ntamack, aux côtés du tout aussi jeune capitaine et symbole de ces victoires enchaînées, Antoine Dupont. D’autant que l’année prochaine, la France accueillera, pour la prochaine fois, seule, la Coupe de Monde de rugby dont le trophée échappe à cette équipe depuis sa création (plusieurs finales, perdues). Les amateurs de rugby et les téléspectateurs de ces grands matchs ont l’habitude d’entendre les joueurs de rugby, distingués à la fin d’un match pour leur « talent » pendant celui-ci, faire systématiquement l’éloge du « groupe », de « l’équipe », parce que, comme dans tout sport collectif, mais de manière plus emblématique encore dans ce sport où le « travail » de joueurs moins vus ou mis en avant est tout aussi important que celui de ceux qui brillent, une victoire finale est toujours celle de tous les joueurs qui y ont participé. Mais, depuis longtemps déjà, le haut niveau du rugby français a des liens profonds avec le capitalisme financier, par exemple, des banques, dont certaines sont des « sponsors officiels », constants, ou réguliers. Les « grands » joueurs de rugby sont, depuis longtemps, lié à ce monde financier, dès lors que leur carrière sportive professionnelle se termine ou s’apprête à se terminer. Or, depuis peu, un site Internet a passé des contrats avec certains joueurs pour qu’ils soient eux-mêmes une « valeur financière » proposée à la valorisation/dévalorisation boursière, avec le site Royaltiz. Quelques joueurs parmi les plus connus et les plus réputés ont signé un contrat avec ce site, cette entreprise. Il s’agit donc pour eux d’ajouter à tous les revenus dont ils bénéficient déjà (contrat avec leur club, un contrat avec la Fédération, des contrats avec des équipementiers ou des entreprises pour des campagnes publicitaires) une nouvelle source de revenus. En quelques années, le rugby français, appelé à cette conversion par le monde financier anglo-saxon, est donc passé d’un jeu d’amateurs, joueurs et spectateurs, à un sport « professionnel », où l’argent coule à flots. Si les revenus des joueurs de rugby restent loin de ceux du football professionnel, ils ne cessent de croître, et ce pour des bénéfices individuels, alors que, factuellement et comme les amateurs de ce jeu le disent à propos de toutes les équipes et de tous les matchs, la réussite des uns dépend de chacun. Est-ce que les Antoine Dupont et Matthieu Jalibert vont répartir une partie de leurs propres revenus et bénéfices à leurs camarades de jeu ? Les succès d’audience de ce sport en Europe et dans le monde austral attirent les spéculateurs. Fascinés par les gains possibles, les dirigeants, les joueurs de rugby et les amateurs de ce jeu, vont-ils laisser ce jeu perdre son âme, comme le football mondial en est déjà le triste exemple et spectacle permanent, avec ces mercenaires qui n’ont qu’une boussole, celle de leur compte en banque ?
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- Le rugby français au sommet de l’Europe, face aux tentations de l’ultra-libéralisme individualiste