
Quelques semaines avant l’élection présidentielle américaine de 2020, le réseau Twitter avait osé sanctionner le compte du président en place, candidat à sa réélection, Donald Trump, en raison de ses multiples pratiques de mensonges (diffusion de fausses informations, propos haineux, attaques ad hominem, etc). Le milliardaire avait semblé s’étouffer d’apoplexie et avait appelé tous les humains de la Terre, à la rescousse, au motif que sa liberté d’expression était censurée. Ce qui était vrai et faux à la fois. Vrai, puisque Twitter venait de stopper son usage frénétique de ce réseau (plusieurs dizaines de tweets publiés par jour, la plupart étant tous plus ou moins inutiles), et faux, puisque, président en place, tout le monde parlait et de cette censure, et lui donnait la parole par ailleurs, autres réseaux, les médias, ses alliés qui relayaient ses propos, etc. Les libertariens, adeptes de la liberté absolue d’expression, s’associaient aux racialistes/racistes, supporters inconditionnels de Donald Trump, pour mettre en cause cette décision, et exiger que son titulaire puisse avoir à nouveau accès à son compte, en affirmant qu’il s’agissait d’un précédent. Il faut dire que si le cas de Donald Trump a été mondialement médiatisé, les pratiques de censure/suppression de contenus/comptes par les gestionnaires de ces réseaux existaient antérieurement, et frappaient régulièrement, soit de manière sensée (des vidéos de criminels qui exhibaient des victimes avant ou après qu’ils les aient tuées), soit de manière insensée (la censure de reproductions d’oeuvres d’art, à connotation sensuelle/sexuelle). Si les GAFA ont pu, dans un premier temps, sembler résister aux pressions et aux exigences des Etats, on a pu constater que, au fur et à mesure des mois, des années, cette résistance s’affaiblissait, voire cédait totalement, par des accords, qu’ils soient publics ou qu’ils soient secrets, entre certains Etats et ces entreprises. Il faut rappeler les évidences : ces outils constituent le meilleur moyen pour ces Etats de collecter et d’étudier des données personnelles, privées, pour ficher les individus, pour décider de surveillances spécifiques, pour constituer des dossiers sur les personnes. Ce que le FBI d’Edgar Hoover a pu faire, au temps où ce sinistre personnage régnait sur les individus, lui, le véritable président fédéral des Etats-Unis, désormais, la NSA le fait sur l’ensemble de la planète, et des services secrets nationaux y sont associés. Les rêves de l’Inquisition et des régimes fascistes sont, techniquement, réalisés, et nous avons vu qu’aucune politique n’est venue s’opposer à ces rêves. Avec la guerre commencée il y a quelques jours par la Russie en Ukraine, ces outils américains n’ont pris que quelques jours pour s’aligner sur les principes géopolitiques américains, actuellement unifiée contre la Russie. Les chaînes RT viennent de disparaître de Youtube. Facebook autorise les propos haineux contre les Russes. Des comptes Twitter sont supprimés ou bloqués. Et tout cela se fait sans que les « consciences civiques » supposées « grandes » ne contestent ces décisions et leurs conséquences. Ce qui signifie que le bellicisme anti-russe, porté par les dirigeants européens, a pénétré en profondeur les populations. Pour notre part, nous dénonçons toutes ces mesures, contraires aux droits fondamentaux, tant nationaux que le « droit européen ». Les opposants à cette guerre, dès lors qu’ils y associent l’OTAN, l’UE, sont désormais étouffés par cette tenaille. Ce que nous pourrions appeler l’OTAN « informationnelle » est à l’oeuvre, et fait ce qu’elle veut. Les opposants, s’ils ne sont pas renvoyés à l’âge de pierre, sont réduits à utiliser l’outil structurel de diffusion de contenu : le papier.