Dans trois jours, les électeurs et les électrices français qui disposent de leur droit civique (le nombre d’inscrits, automatiquement, par démarche volontaire, est détaillé ici) vont décider s’ils se rendent dans les bureaux de vote ou s’ils s’abstiennent. Des enquêtes, sujettes à caution, affirment que l’abstention pourrait être forte (autour de 70°%), mais des chiffres officiels indiquent qu’il y a, un record d’inscrits, soit 48,7 millions d’inscrits, qu’il y a un nombre élevé de personnes qui ont fait les démarches pour être inscrites (4 millions), et qu’un million de personnes auraient rempli des procurations pour que d’autres personnes votent à leur place. L’élection présidentielle est, en France, en raison de la nature de l’élection (voter ou ne pas voter, pour désigner un Roi républicain, qui dispose d’immenses pouvoirs, cas unique en Europe), de ses conséquences sur la vie politique et sociale, d’une nature spéciale, comparée aux élections autres, intermédiaires. Il n’est donc pas possible de s’appuyer sur l’abstention aux élections régionales ou aux municipales pour la transposer à propos de cette élection présidentielle. Au contraire, il existe des indices qui laissent penser qu’il pourrait y avoir une forte mobilisation de l’électorat, à la fois en raison de la nature de cette élection, et en raison des polarisations de cette élection (un président adoré ou haï, une dynamique autour de Jean-Luc Mélenchon, un niveau encore élevé de l’extrême-droite, elle-même, adorée ou haï), mais aussi en raison de la situation politique, économique, marquée par des dégradations (« pouvoir d’achat »/hausses des prix, chômage, etc). Les précédentes élections ont été marquées par une volonté de dégagisme : après un seul mandat, une majorité de Français ont aisément voté en faveur de François Hollande, tellement Nicolas Sarkozy suscitait chez eux des sentiments pénibles, un rejet, radical. Egalement, après un seul mandat, François Hollande a compris qu’il ne pouvait pas se présenter, parce qu’il aurait pris le risque, élevé, d’être battu dès le premier tour. Emmanuel Macron, qui semble ne pas avoir vraiment hésité (mais en est-on sûr ?), a fini par choisir d’y aller, et, divine surprise, la guerre en Ukraine est venu lui ajouter l’habit de chef des Français et des armées, l’habit faisant le soldat, pour certains Français, qui, sans cela, auraient pu voter pour un(e) autre candidat(e). Mais les derniers jours de la campagne électorale sont difficiles pour le président-candidat. Son néo-libéralisme confirmé rebute nombre d’électeurs. Le scandale MacKinsey démontre que les cinq années de macronisme ont été tout sauf exemplaires. Son état d’esprit constant l’handicape. Et les plaintes déposées par des membres de la famille de Samuel Paty viennent confirmer clairement que, comme pour les autres attentats, des zones d’ombre pèsent sur cet assassinat, et en particulier sur les « ratés » administratifs et sécuritaires, supposés empêchés un tel crime. A l’inverse, le candidat de la France Insoumise, dont il s’agit de la dernière candidature (et, a t-il précisé, du seul mandat présidentiel, s’il est élu), Jean-Luc Mélenchon, voit se rassembler sur sa personne une multitude de citoyens et de soutiens, et ce parce qu’il est le seul, avec les candidat(e)s des « sans culotte » (cf notre article concernant la comparaison entre Robespierre et Mélenchon), à parler de ce qui, pour les autres, constitue des gros mots : hausse des bas salaires, blocage des prix, désobéissance envers l’UE, sortie de l’OTAN. Or, avec ce système quantitatif, le résultat, dimanche soir, sera purement arithmétique : comptez-vous. Il suffit de faire partie du duo vainqueur, et même s’il n’y a qu’une différence infime avec le ou la troisième. Aussi, étant donné le nombre de facteurs indéterminés, notre rédaction considère qu’il est impossible de prévoir le résultat à venir, et que les sondages dont nous sommes bombardés chaque jour ne sont pas là pour nous éclairer mais pour nous laisser penser que les choses sont déjà jouées, ce qui, par principe et par circonstance, est faux. Par exemple, le président-candidat fera t-il partie des deux premiers ? Certains considèrent que les choses ne sont pas faites, et nous pensons que cette analyse de sa situation est raisonnable. Mais il peut compter sur des réserves de voix chez celles et ceux qui ont tiré des profits de sa politique, et, même minoritaires, ils sont nombreux. L’abstention des uns est contredite par l’hyper-vote des autres, comme le rappelait François Begaudeau, à QG le Média Libre. Il semblerait que « des gens qui ne sont rien » se sont dits qu’ils avaient, avec le droit de vote, celui de mettre fin au CDD de l’actuel locataire de l’Elysée, et que ceci n’est pas rien…
