L’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale vue depuis la Russie ou l’ex URSS, quels principes et quelles perspectives ? (seconde partie)

L’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale vue depuis la Russie ou l’ex URSS, quels principes et quelles perspectives ? (seconde partie)

Si les Soviétiques avaient réussi à mettre en échec la nouvelle Alliance occidentale qui les menaçait en 1938 avant et à l’occasion des Accords de Munich, par une offre opportuniste jugée contre-nature par les deux régimes signataires, ils savaient qu’une guerre contre eux était inéluctable, en raison même de la nature du régime nazi, de ses obsessions, de ses ambitions, des soutiens, français, anglais, américains, sur un tel projet. Les défaites des Etats d’Europe de l’Ouest firent tomber des, gouvernements, administrations, armées, industries, entre les mains des dirigeants allemands qui organisèrent immédiatement le pillage et le servage des pays occupés. Ainsi, les Nazis allaient pouvoir passer à leur principal objectif de guerre, l’attaque contre l’URSS. Le réseau d’espionnage soviétique était le plus développé au monde. Il comptait sur de nombreux informateurs partout, notamment dans les pays capitalistes (qui ont été rendus célèbres par des affaires, pendant ou après cette guerre). Les espions ont bien perçu et relaté des préparatifs de l’attaque, mais ils n’ont pas eu accès au plan « Barbarossa », lequel actait une nouvelle attaque éclair, caractérisée par une ampleur inégalée. Le récit officiel structurel dans les pays occidentaux est d’affirmer que Staline, bien que sur-informé, ne les croyait pas, aurait pensé qu’Hitler avait encore besoin de certains éléments du pacte (par exemple, les matières premières), comme si le dirigeant soviétique avait pu penser qu’Hitler ne préférait pas les prendre directement et sans contreparties. L’attaque du 21/22 juin 1941 l’aurait tétanisé, effrayé, et il serait resté ainsi, plusieurs jours. Mais les archives n’indiquent rien de tel. Le dirigeant soviétique a, en effet, pris le temps d’encaisser la déclaration officielle de la guerre : pour en parler avec d’autres dirigeants, pour prendre le temps de se faire à l’état d’esprit nécessaire, pour anticiper l’étendue des conséquences de la décision nazie. Il y a des dirigeants qui se réjouissent avec des guerres par lesquelles des êtres humains disparaissent brutalement, par la violence mortelle, et d’autres non. Un autre principe de cette affirmation d’une « attaque surprise » est son efficacité supposée, par le fait que, par exemple, l’aviation allemande a réussi à bombarder des terrains d’aviation soviétiques, leurs avions et leurs pilotes. Mais c’est omettre le volume des forces engagées, pendant cette nuit. L’Allemagne nazie projette 2770 avions vers 66 aérodromes soviétiques. Ce sont près de 3 millions 800 000 soldats qui marchent sur le sol soviétique, soutenus par 4300 chars. Il s’agit d’une armée européenne : le gros des troupes est composé par les soldats allemands, mais ils ont à leurs côtés des soldats, finlandais, hongrois, roumains. Italiens et français les rejoindront plus tard. Pour user d’une métaphore que tout le monde peut comprendre, ce choc initial oppose l’équipe des All Blacks à une équipe d’amateurs. Mais là où en rugby, le jeu oppose toujours 15 joueurs à 15 autres joueurs (avant expulsion pour non respect d’une règle concernant le dépassement des limites dans l’agressivité). Avec la guerre, telle que les humains la pratiquent, s’il y a peut-être des « lois » officielles, publiques, connues, la guerre se caractérise par son absence des lois fondamentales constantes, comme l’interdit de tuer, puisque, avec la guerre, il y a des pressions pour en venir à, tuer, y compris en ne respectant par une des lois de la guerre. Dès lors, il s’agit de gagner à tout prix : en s’appuyant sur le plus grand nombre de soldats possible, sur un armement divers, supérieur parce qu’efficace, par une stratégie imprévue par l’adversaire ou contre laquelle il ne peut rien faire. En 1940, la France était censée pouvoir opposer aux armées nazies (2.750.000), 2.900.000 soldats , dont une part de ses alliés. Mais la plupart des soldats alliés ne purent combattre, pour des raisons diverses, avant de devenir des cohortes de soldats sans commandement ou prisonniers. Pour l’attaque contre l’URSS, l’Allemagne disposait donc d’un million de soldats en plus. Un mois après le commencement de la « bataille de France », les armées françaises étaient, du fait de leur commandement, des erreurs stratégiques, d’un matériel parfois dépassé, inadapté, dominées, et, rapidement battues. Un mois après l’attaque contre l’URSS, les armées nazies avançaient, mais en face, les Soviétiques se battaient, reculaient, et aucun de leur flanc n’était transpercé de manière profonde et décisive. Le choc initial fut donc puissant, efficace, mais pas décisif. Les armées nazies se déployèrent, vers le nord, le centre et le sud. Parmi les généraux allemands, certains examinèrent de près le matériel soviétique abandonné, pris, comme le char T34, et interrogèrent des prisonniers. Ils furent amener à conclure que le matériel soviétique était sérieux, souvent innovant, synthétique de plusieurs qualités essentielles, et que les soldats soviétiques paraissaient fiers et motivés. L’éventuelle victoire n’allait pas être facile à obtenir. Les archives allemandes ont aussi révélé que, dès l’été, Adolf Hitler a su que gagner contre l’URSS allait être ou très difficile ou impossible, et, à son habitude, il enragea contre la mauvaise qualité des informations reçues de la part de ses espions. C’est que le contre-espionnage soviétique était assez efficace pour les débusquer ou les enfumer, avec de fausses informations. Par contre, s’il y a un domaine dans lequel l’attaque allemande a réussi, et est parvenu à réussir jusqu’à la bataille, finale, de Berlin, c’est dans les destructions, dans les armées soviétiques, dans les habitations, dans la population – destructions qui, de niveau élevé, eurent pour conséquence ce fameux total des morts soviétiques, militaires et civils, le plus important en proportion de population chez les Alliés. Ce que cette population a subi va être l’objet de la troisième publication de cette série.

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