Evoquer et raconter tout ou partie d’une Histoire, comme celle de l’URSS, est un travail difficile. Pour commencer, un média n’est pas un livre d’Histoire ni une encyclopédie. Il n’est pas dans notre propos d’être exhaustif. Ensuite, le sujet est d’autant plus complexe qu’il est caractérise par des idéologies, des sentiments, des engagements humains, que ce soit en faveur de l’URSS ou contre. Mais ce qui est certain, c’est que si nous voulons être réellement INDEPENDANTS, le récit dominant, les récits dominants, ne peuvent être en aucun cas, nos références, notre substrat, ce que nous imitons, à des degrés divers. Publier une série d’articles sur l’URSS ne peut consister en une reproduction des pages Wikipédia ou des pages officielles d’un Etat, en raison des implications de celui-ci dans cette Histoire. La mort de Mikhaïl Gorbatchev a été pour nous l’occasion de publier quatre articles, mais ceux-ci sont seulement les premiers sur cette Histoire. Il en ira ainsi de même pour tous les sujets importants. Notre propos n’est pas de dire ce que les autres médias ne disent pas, comme s’il suffisait simplement de s’opposer pour se poser. Mais il s’agit de ne pas dire ce que les autres médias disent, dès lors que ce qu’ils disent ne provient pas d’un travail spécifique, d’une réflexion propre, mais se résume à relayer des dogmes ou des affirmations des autorités publiques. Ces autorités « font » autorité : elles prétendent dire le vrai et le bien. Mais nous savons par expérience que cette prétention est souvent infondée. On nous dira que par nos premières publications sur l’URSS, notre propos a été trop favorable au système et à l’Histoire, soviétiques, et que, en cela, nous préférons une autorité autoritaire à une autre, nous nous soumettons à une autorité que l’Histoire a, pour l’heure, condamné. Mais il ne s’agit pas pour nous de faire l’éloge du système soviétique, de l’Histoire soviétique, de manière militante, comme si ce système et cette Histoire ne devaient pas être critiqués. Mais il s’agit pour nous d’être vrai et juste. Or, à l’inverse de ce que serait un soutien aveugle et total envers un système, il y a un rapport critique, total, à celui-ci et à cette Histoire, qu’il s’agit aussi pour nous d’éviter parce qu’il se caractérise lui aussi par des excès, des caricatures, des simplifications. Le « devoir d’inventaire » exige que l’on aille voir ce qu’il y a à inventorier. Il ne s’y trouve pas qu’une police répressive – d’autant qu’une telle police se trouve également dans les Etats occidentaux et notamment aux Etats-Unis, avec le FBI, la CIA. Mais il s’y trouve aussi en effet une police répressive. Et il en va ainsi de toutes ses caractéristiques. Ceux qui en font un tableau ténébreux sont tout aussi peu sérieux que ceux qui en font un tableau enchanté. Un média indépendant n’est pas là pour caricaturer les faits, les choses et les êtres. Or, pour l’URSS, Gorbatchev a eu un rôle, évident, de déconstructeur/destructeur, étonnant et rarissime. On imagine mal que le système politique américain, français, etc, mène à sa tête un « réformateur » qui déconstruise ce système pour le faire muter en un autre système. Toute l’expérience historique, jusqu’à nos jours, démontre que celles et ceux qui, aux Etats-Unis, en France, sont élus, parviennent au sommet des pouvoirs institués, agissent toujours pour maintenir sa puissance, ses puissances, pour les renforcer, même si, parfois, les choix faits se révèlent contreproductifs. A l’occasion de son décès, les dirigeants des Etats occidentaux ont repris leur éloge constant et fort à propos de Mikhaïl Gorbatchev et de ce manière fort logique : ils furent si heureux et ils le restent, qu’un tel homme ait pu contribuer comme il l’a fait, à affaiblir, puis faire disparaître, une puissance politique mondial, contre laquelle ils avaient toujours combattu, qu’ils détestaient, contre laquelle tant de leurs ressources étaient mobilisées. Il ne nous appartient pas de nous placer dans leurs perspectives, ni dans leurs critères.