Pour la 3ème fois, l’extrême-droite française offre à la droite libérale une nouvelle victoire écrasante

Pour la 3ème fois, l’extrême-droite française offre à la droite libérale une nouvelle victoire écrasante

Depuis 2002, c’est donc la troisième fois qu’un(e) candidate de l’extrême-droite est largement défait(e), et, pour commenter cette défaite, parle de victoire. A l’exception de l’élection présidentielle et des élections européennes, l’implantation, en France même, du Rassemblement National, est faible – peu d’élus, de maires, de conseillers divers. Il y a donc une incongruité française, avec un parti puissant au premier tour de l’élection présidentielle, incapable de s’approcher réellement du seuil de la victoire, dont l’effectif militant a fondu ces dernières années, et qui compte donc peu d’élus. Il faut donc s’interroger sur cette performance de ce parti, anciennement FN, devenu RN, à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle : pourquoi sa candidate a réussi à réunir sur son nom des votes provenant de groupes sociaux divers et aux intérêts divers, si ce n’est contradictoire ? Contrairement aux discours du RN, simplistes, qui voudraient voir dans leur candidate, celle du « peuple », c’est-à-dire de la population paupérisée, l’électorat RN rassemble trois groupes sociaux, avec, les plus pauvres, mais aussi, une partie de la classe moyenne, et une partie de la classe supérieure. Or, le programme de ce parti est clairement à l’avantage de ces deux dernières classes, mais nullement favorable aux plus pauvres.

Ce sont eux qui ont fait la différence au premier tour : si une part de cet électorat avait préféré voter Jean-Luc Mélenchon plutôt que Marine Le Pen, le sort en eut été changé, et le second tour aurait été inédit et à suspense. Là, en l’espèce, il n’y eut aucun suspense, et ce dès le soir du premier tour. Pourquoi ? Contrairement à ce que des commentateurs professionnels ont pu raconter ces dernières années, et y compris en sachant qu’ils mentaient, le RN est, dans une telle élection, toujours confronté à un plafond de verre, parce que ce parti, identifié clairement et définitivement, que ce soit par les déterminants de sa fondation, par ses principes, par ses objectifs, par ses discours, par ses figures publiques, qu’il s’agisse de notables ou de personnes controversées, en tant que parti d’extrême-droite, est, de ce fait, à priori, rejeté par une majorité de citoyens en France. Il n’est pas vrai que les peuples sont sans mémoire, même si leur mémoire est défaillante. Durant l’entre-deux-tours, la seule mobilisation sociale perceptible l’a été contre la présence du RN au second tour, même si cette mobilisation fut moindre qu’en 2002, mais nous n’avons pas vu une mobilisation sociale en faveur du RN. Le vote RN reste un vote très largement dissimulé, honteux, parce que les motifs qui conduisent à un tel vote le sont aussi souvent, notamment avec le racisme, la haine contre « les étrangers », « les arabes », « les musulmans ». La stratégie générale du RN a été contre-productive : au lieu de rassurer, de calmer, de ne pas tenir de propos discriminatoires, la candidate du RN n’a pas hésité à confirmer ses intentions anticonstitutionnelles contre les personnes portant un voile religieux, musulman, en faveur de droits spécifiques et exorbitants pour la police. De son côté, Emmanuel Macron n’a eu qu’à gérer à vue, en faisant mine d’adopter, à doses homéopathiques, « une mesure de gauche », « une mesure de droite », ainsi qu’à participer à un débat sans pression, puisque les spectateurs de ce débat ont pu constater que, si Marine Le Pen n’était pas catastrophique comme en 2017, elle était encore très faible, incapable de prendre l’avantage sur son adversaire. La victoire obtenue additionne les votes d’adhésion aux votes anti Le Pen. Elle est donc très confortable, et l’abstention, tout en étant importante, n’a pas été écrasante. Nombre de votants anti Le Pen ont eu peur que la candidate du RN s’approche de la victoire, ce qui pourtant, était factuellement impossible. Les élections législatives annoncées vont dépendre de facteurs déterminés pendant les semaines à venir : ce que sera le nouveau gouvernement nommé dans les prochains jours, ce qu’il fera pendant un mois, ce que seront les sujets et les manipulations des médias d’Etat, la réussite ou l’échec des campagnes de terrain des listes. Mais pour les années qui viennent, la constance de la puissance du RN, de l’extrême-droite au premier tour de l’élection présidentielle doit être analysée, afin de permettre à celles et ceux qui, en France, en ont assez de ces scénarios à répétition sans aucun intérêt, de se reproduire à nouveau, y compris en augmentant ainsi le risque d’une éventuelle élection du candidat de l’extrême-droite.

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