Avril 2002, avril 2022 : vingt ans d’influences FN RN sur la politique française, pour sa neutralisation, sa dégradation, par l’extension du domaine du binarisme ethnique (deuxième partie)

Avril 2002, avril 2022 : vingt ans d’influences FN RN sur la politique française, pour sa neutralisation, sa dégradation, par l’extension du domaine du binarisme ethnique (deuxième partie)

Le premier Front National du début des années 80 est un parti d’extrême-droite classique : capitaliste, anticommuniste, et en faveur de l’Union Européenne. Dans l’affrontement entre les néo, fascistes, nazis, et les communistes, ce sont les premiers qui, lentement mais sûrement, prennent le dessus, notamment lorsque des tensions apparaissent au sein du bloc soviétique, et plus encore, lorsque l’URSS disparaît, lorsque les Etats deviennent autonomes et se convertissent au capitalisme. Dans les pays concernés, l’extrême-droite nationale qui était en sommeil ou discrète, réapparaît, et parfois prend même immédiatement ou très rapidement le contrôle du pouvoir politique et économique. L’extrême-droite en Europe de l’Ouest en est boostée. Les unes et les autres communient ensemble, dans leur foi chrétienne commune, et dans leur haine et leurs dénonciations du communisme. Comme si en Allemagne, un parti néo-nazi apparaissait et venait défendre le bilan, par exemple économique, du IIIème Reich – ce qui est le cas désormais, avec l’AFD. Quand le PCF opère un renversement à 180 degrés, en devenant favorable à l’UE, le FN fait l’inverse : il devient eurosceptique, alors même que, après le vote sur le référendum dit de « Maastricht », puis la mise en place de l’euro, les Français, lentement mais sûrement, deviennent eux aussi eurosceptiques. Autrement dit : quand l’euroscepticisme grandit en France, le FN est le seul parti qui donne un écho à cette méfiance, à ces critiques. Mais le FN était-il vraiment eurosceptique ? Le FN a présenté des candidat(e)s aux élections européennes et a obtenu de nombreux élu(e)s. Ces élu(e)s siègent au Parlement Européen, à Strasbourg, à côté des élu(e)s d’extrême-droite des autres pays européens. Le FN, devenu depuis RN, a tiré et tire de ces élections, des revenus, y compris de manière illégale (plusieurs procédures au sein de l’UE ont visé et visent ce parti). Et le RN ne milite plus ni pour une sortie de l’euro ni pour une sortie de l’UE. Mais, dans leurs discours publics, les dirigeants du RN continuent de mettre en cause l’UE, avec radicalité, mais in fine, pour ne rien changer à ce qui est à leur avantage, y compris par cette « internationale européenne d’extrême-droite ». Si les médias se sont pincés le nez ou ont fait semblant de se pincer le nez, l’extrême-droite, le FN, ont bénéficié d’une exposition toujours plus grandissante, qui, sans atteindre le niveau d’une CNews convertie explicitement à cet objet (et ce en violation de ses obligations légales envers l’autorité étatique des médias, puisqu’il lui est formellement interdit d’être une chaîne d’opinion), a rapidement progressé, soit explicitement, par la mise en avant de personnalités ou de thèmes de l’extrême-droite (à commencer par « l’immigration », sujet permanent), soit implicitement, par des informations orientées (par exemple, en interrogeant systématiquement des personnes « de couleur » ou identifiées comme françaises et étrangères à la fois). Un conditionnement psycho-médiatique a commencé tôt, et il a même contribué au moment de basculement, le 21 avril 2002, par exemple avec l’affaire « Paul Voise ».

La vidéo ci-dessus est à découvrir. En introduction, son auteur indique que entre janvier et mai 2002, et ce sur 65 médias, il y a eu 18766 sujets consacrés à l’insécurité, via tous les types de médias, soit 987 sujets par semaine ! Ce « blitzkrieg » médiatique a conditionné le vote en faveur du FN, qui, sans être très haut, a été suffisant pour passer devant Lionel Jospin. L’entre-deux-tours voit plus d’un million de personnes dans les rues en France, ce qui est à la fois beaucoup, au regard du nombre moyen des manifestations habituelles, et ce qui est déjà aussi très peu, pour une population de 60 millions. Ce chiffre relatif s’explique et par le rejet radical de l’extrême-droite dans une majorité de la population (ce qui en 20 ans a peu changé), et par une tranquillité civique, avec une majorité de citoyen(ne)s qui étaient certains que l’extrême-droite ne pourrait pas être élue.

Au soir du second tour, comme nous l’avons déjà rappelé, la victoire de Chirac est inédite, écrasante, par un ralliement sans faille des électeurs/électrices de gauche. Dans une telle situation, il eut été possible et sensé que le confirmé président de la République décide de mettre en place un gouvernement qui, à défaut d’une « union nationale » toujours fictive, rassemble des courants politiques qui ne soient pas seulement de droite. Au lieu de cela, Jacques Chirac convoque un gouvernement qui associe la droite classique et à la droite la plus proche de l’extrême-droite, avec des ministres très marqués, comme Nicolas Sarkozy, François Fillon. La valorisation de Nicolas Sarkozy est au principe de cet engrenage qui nous a conduit à la situation actuelle.

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