C’est peu de dire que la rédaction de « Libération » scrute avec une attention et une précision, d’apparence, « chirurgicale », les faits et gestes des Russes : gouvernement, citoyens, médias, etc. Dans leur édition du 1er mars 2022, la rédaction a publié un article concernant le bal des non-dits et des mensonges, dans les médias russes : « fake news, (…) » pour cibler un « lavage de cerveaux de la propagande d’Etat ». Ce qui implique que des journalistes français, dont l’effectif est connu pour être plutôt faible, dont on sait que peu d’entre eux comprennent le russe, passent leurs journées à écouter et retranscrire ce qui se dit dans « les médias russes ». Il est absolument certain qu’il y a, dans les médias russes, de la « propagande », au sens où des journalistes, des intervenants, relaient les affirmations, les certitudes, les présupposés, des dirigeants russes MAIS il est absolument certain que de telles reproductions sont également à l’oeuvre dans les médias français et dans les médias américains. Sauf que, pour Libération, quand il s’agit des médias russes, cette propagande est, outre un fait, intolérable, mais que quand il s’agit de médias non russes, outre que ce n’est pas un fait, si tant est que cela soit possible et démontré, cela n’entraîne aucun caractère de gravité. Il s’agit donc de reprocher aux autres, ce que l’on tolère de soi-même, ou même, fait également. Et pendant ce temps, « Libération » ne parle ni des faits ni des causes.
Quant au blocage de RT France et de Spoutnik, le fait que cette décision soit dite « contraire à l’Etat de droit » n’est pas un propos de cette rédaction, mais des « dirigeants de RT France ». Les journalistes de « Libération » consentent, ou même, approuvent explicitement à ce blocage. On dénie à des journalistes de pouvoir se faire entendre, lire, quand on considère que le fait de le faire, soi, relève d’un droit absolu, incontestable.